Un bordelais à la conquête de l’hiver canadien! J’ai interviewé Dylan Auguste, qui a entrepris cette aventure depuis plus de 40 jours, alors qu’il part s’installer à Vancouver pour être ambulancier.
Dylan Auguste, 26 ans, est originaire de Bordeaux. il est actuellement en train de tenter de rallier Montréal à Vancouver… à pied pour aller s’installer en Colombie-Britannique. Et cela en plein hiver, alors que tous les Canadiens s’accordent à dire qu’il est particulièrement difficile cette année ! Chaque jour, il raconte sur les réseaux sociaux comment s’est passé son périple et nous permet de le vivre un peu par procuration à travers ses photos et ses témoignages. De quoi vous donner envie d’en voir plus dans les prochains mois!
Dylan, je tiens à saluer le courage et la détermination dont tu fais preuve! Moi qui ne supporte pas le froid, je n’imagine même pas comment tu as pu avoir une telle idée, qui défie les limites du corps et du mental, et pourtant cela m’intrigue énormément! Merci de prendre le temps de répondre à mes questions entre deux journées bien remplies!
Traverser le Canada : 5000 km à pied de Montréal à Vancouver en plein hiver, c’est le défi que s’est lancé Dylan !
Je ne pense pas faire d’erreur si je dis que tu es le seul Bordelais qui a décidé de traverser le Canada à pied à la conquête de l’hiver! Les Canadiens eux-mêmes ne le feraient pas! Je suis curieuse de connaître les motivations qui te poussent à vouloir te dépasser en relevant un challenge de l’extrême…
Le premier Bordelais très probablement en effet. Je pense que la raison est finalement plutôt simple : j’aime la nature, j’aime les défis, donc je voulais m’en lancer un énorme.
T’étais-tu déjà attaqué à ce genre de défis?
J’avais déjà fait quelque chose de similaire en Islande, mais absolument pas préparé, avec un matos absolument pas adapté. Ça avait été assez funky parfois.
Les aventuriers préparent souvent leur périple longtemps à l’avance, es-tu passé par des mois de planification? As-tu rencontré des difficultés dans la concrétisation de ton projet?
J’ai dû malheureusement boucler la préparation de tout ce projet relativement vite. L’idée était finalement relativement récente, j’ai donc dû tout boucler en 4 mois. Le problème est toujours le même finalement : l’argent. Il faut de l’argent, ne serait-ce que pour acheter le matériel nécessaire pour survivre à des températures telles que -45°. Je donne un exemple bête, mais mon pantalon coûte 500€ par exemple. Pas mal de personnes se sont aussi moquées, ont douté de ma capacité à réussir, ont parié que j’abandonnerais au bout d’une semaine.
Et si comme toi, on décide de se lancer dans un projet fou, par quoi nous conseillerais-tu de commencer?
Si vous décidez de vous lancer dans un projet fou, la première à chose à faire, c’est de se lancer. Le reste suit presque naturellement. Trouver les bonnes personnes qui sauront vous conseiller, vous encourager, vous accompagner et vous soutenir. Soyez sûr de vous quant à vos motivations.
La préparation de l’équipement indispensable pour combattre le froid canadien en hiver © D. A.
Tu as quitté Montréal depuis plus de 40 jours. L’expérience est-elle à la hauteur de ce à quoi tu t’attendais?
C’est dur. Excessivement dur. Le premier mois, j’ai eu à porter un sac de 40 kilos, sur 20, 30, même jusqu’à 35 kilomètres par jour. C’était terrible pour le corps. Les douleurs étaient insoutenables, je me sentais seul, je marchais le dos courbé sous le poids du sac, ne regardant que mes pieds à longueur de journée… Ça a fini en bursite. J’ai donc dû trouver une solution. Avec l’aide incroyable des Canadiens, j’ai maintenant « Terry », mon petit chariot, que je tire derrière moi grâce à un harnais attaché à ma taille. Ça a totalement changé mon voyage. Je marche maintenant la tête haute, je n’ai plus mal, je marche plus loin, plus longtemps. L’aventure était donc d’abord décevante, elle est maintenant encore mieux que ce je pouvais imaginer.
Comment fais-tu pour vaincre le froid à longueur de temps?
Je suis bien équipé, et je marche. Quand il fait -30, -40, voire -45, tant que t’es bien équipé et que tu es en mouvement tout va bien. La seconde où tu t’arrêtes, tu as l’impression que tu vas geler sur place.
Comment réagissent les gens que tu croises sur ta route?
Certains sont au courant de la marche par Facebook ou par la presse locale et klaxonnent, ou encore s’arrêtent discuter, prendre un selfie, ou parfois m’offrir un café. D’autres écarquillent tout simplement les yeux.
Des choses surprenantes auxquelles tu ne t’attendais pas?
Je connaissais la réputation des Canadiens, leur gentillesse légendaire, mais je ne m’attendais pas à être aussi bien accueilli, aussi aidé.
Je sais que tu as une « équipe » pour te soutenir, notamment ta copine et ta famille, mais elle est en France. Comment vous organisez-vous pour communiquer?
Pour l’instant c’est plutôt simple, par téléphone. J’ai souscrit à un forfait international illimité avant de quitter la France. Il y a du réseau à peu près partout jusqu’ici. Je vais bientôt rencontrer des zones blanches. J’ai un GPS qui fonctionne à l’iridium et permet d’envoyer des sms, peu importe où on se trouve dans le monde.
Tu as déjà rencontré quelques galères, peux-tu nous dire lesquelles et comment tu les as surmontées?
Mon réchaud a rendu l’âme au bout d’une semaine à peine. J’en ai acheté un nouveau, moins cher, moins performant, plus solide. Il y a eu le problème du sac que je racontais plus haut aussi. Je pense qu’il y a eu trop de galères pour toutes les énumérer. Ce qui m’a aidé à les surmonter à 100% du temps c’est le soutien inconditionnel de ma copine, et ses conseils avisés.
Quand penses-tu arriver à Vancouver? As-tu une idée ou une date précise en tête?
Je me suis donné pour objectif d’être à Vancouver à la mi-juillet. J’ai une date précise en tête, mais je suis superstitieux.
Aurais-tu envie de partager ton parcours dans un livre (ou une autre idée) ensuite ?
Oui tout-à-fait, j’écris un livre en même temps, et je tourne des images pour un film. L’idée du livre serait de réunir mes écrits, le témoignage du terrain, et ceux de ma copine, qui écrit depuis la France. Je pense que la confrontation des deux peut être intéressante. Le film sera à l’image du voyage : filmé à la main, avec mon iPhone, sans accessoire, sans artifice.
Voici le Portrait chinois de Dylan !
- Ton idée du bonheur : Rentrer à la maison après une aventure
- Ton mot préféré : Peur (parce que sans elle, on n’avance pas)
- Ton occupation feel good : Mater des séries avec ma sœur et ma copine
- Ton plat préféré : Côte de bœuf
- La prochaine chose que tu veux cocher sur ta bucket list : Atteindre le Pôle Nord
- Ta lecture en cours : Je viens de finir L’Antarctique, le rêve d’une vie de Mike Horn
- Ton plus beau souvenir de voyage : Le fait qu’on m’ait offert mon chariot « Terry »
- Ta fleur préférée : Honnêtement, j’y connais absolument rien en fleurs.
- Ton animal totem : Le pingouin
- Ton moment créatif : Quand j’écris après une longue journée de marche
- Ta destination de rêve : Le Pôle Nord
- Ta musique motivante : Money for nothing, Dire Strait
- Ton moment de gloire : Un message de remerciements reçu il y a quelques jours
- Ta devise : Aucune limite
Tu nous permets de suivre tes aventures sur Facebook @5000kmbyfoot et Instagram @dylan_trekking, merci!
Que peut-on te souhaiter pour la suite de ton parcours?
Que les tempêtes se calment!
Merci Dylan de nous avoir fait voyager à travers ton aventure exceptionnelle ! Nous espérons que les tempêtes s’arrêtent et que tu poursuives ton parcours en toute sécurité! Je ne doute pas de la bienveillance des Canadiens qui te croiseront sur leur route et nous sommes prêt à te recevoir cet été sur la Côte Ouest. En attendant, on continue à te suivre sur les réseaux ! Bonne route et plein de courage à toi!
Ingrid
Article très intéressant le courage n’a pas de frontières ! Merci de partager ces moments de dépassement de soi ecolalie.