Ombline a 25 ans. Elle est en volontariat solidaire avec son mari Simon et leur fils Constant d’un an.
Le témoignage d’Ombline est empreint de générosité et de bienveillance. Merci beaucoup Ombline d’avoir accepté de partager ton parcours international. (Les photos qui figurent dans cet article lui appartiennent.)
Dans cette interview, vous découvrirez entre autres :
► comment elle a choisi de se mettre au service des autres grâce au volontariat. Après un Tour du Monde Solidaire, elle est actuellement en mission humanitaire dans un orphelinat au Lesotho, un pays enclavé dans l’Afrique du Sud.
► comment cette aventure se vit en famille puisqu’elle a accouché en Afrique du Sud, juste avant de partir pour le Lesotho
► son expérience de vie au Lesotho, ce qu’elle y a découvert
► une autre de ses activités, son podcast dédié à la maternité
Où es-tu expatriée en Afrique ? As-tu déjà vécu à l’étranger auparavant ?
Je vis à Maseru, la capitale du Lesotho qui est un petit pays enclavé dans l’Afrique du Sud. Nous y sommes depuis plus d’un an.
J’ai vécu 5 mois en Afrique du Sud juste avant, où notre fils est né.
Avant cela, mon mari et moi avons fait un tour du monde solidaire pendant 1 an.
Parles-tu plusieurs langues ?
Oui, l’anglais et l’espagnol couramment, et maintenant j’ai des bases en sesotho, wolof, hindi… !
Pourquoi avoir choisi le volontariat solidaire au Lesotho ? Quelles sont tes occupations ?
Je ne l’ai pas choisi à vrai dire, nous avons été envoyés par un organisme qui nous « place » selon les besoins et nos compétences.
Je travaille dans un orphelinat. Je donne des ateliers d’éducation affective, émotionnelle et sexuelle, des cours d’anglais et informatique, et je confectionne aussi des bijoux pour les vendre et générer quelques fonds pour l’orphelinat.
Je passe aussi beaucoup de temps gratuit avec les enfants, à les connaître, à les voir grandir, et à les aimer !
Et j’ai créé un podcast sur la maternité à l’étranger, afin de permettre aux mamans du monde de s’inspirer de ce qui est fait ailleurs pour créer leur propre version de la maternité !
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Peux-tu nous en dire plus sur votre tour du monde solidaire ?
Comment décide-t-on de se lancer dans un tel projet ? Comment cela se passe-t-il de manière pratique ?
Simon venait de finir ses études, et moi je pouvais prendre une année off avant mon M2. Nous avions tous les deux très envie de découvrir le monde tout en nous rendant utiles. Nous avions déjà l’expérience du volontariat puisque nous nous sommes rencontrés sur un chantier solidaire en Inde !
Nous savions donc qu’il est important de bien préparer un tour du monde solidaire pour servir dans des associations sérieuses. Nous avons donc d’abord sélectionné les lieux où nous voulions prêter main forte pendant 1 mois, et cela a défini l’itinéraire. Ensuite, nous avons gardé un mois entre chaque association pour nous permettre de voyager de l’une à l’autre en laissant place à l’imprévu.
C’est ainsi que nous avons pu faire la transatlantique en bateau stop, ou la traversée du Vietnam, Laos, Cambodge et Thaïlande à vélo ! Nous avons découvert de magnifiques régions du monde, nous avons été extrêmement gâtés par la gentillesse et l’accueil des gens. Et finalement, tout ceci rend propice le plus beau des voyages… Qui est le voyage intérieur !
Comment s’engager en famille dans le volontariat de solidarité internationale ?
Peux-tu nous en dire plus ? Cela peut paraître impressionnant pour d’autres, mais pas pour vous ?
Nous nous sommes mariés au retour du Tour du Monde Solidaire, et avons à nouveau eu envie d’offrir nos premières années de mariage au service des autres. Cette fois, nous avions envie de rester longtemps à un seul endroit pour mieux nous imprégner de la culture et du pays.
Nous avons d’abord été envoyés en Afrique du Sud, mais la mission a fermé et nous avons ensuite été envoyés au Lesotho. J’ai donc pu accoucher en Afrique du Sud, où les conditions médicales sont très bonnes. Puis, lorsque bébé a eu un mois, nous avons déménagé au Lesotho.
Nous habitons dans une petite case ronde au cœur de l’orphelinat, nous partageons donc réellement le quotidien de ces enfants tout en ayant notre intimité sous ce toit en paille. Nous avions soif d’authenticité, de simplicité, de temps et de don de soi. Nous sommes servis ! Nous n’avons pas spécialement été impressionnés, puisque c’est un projet que nous avions beaucoup pensé et préparé. De plus, nous sommes bien encadrés par l’association qui nous envoie.
Quels sont les modes de garde existant pour votre enfant au Lesotho ?
Au Lesotho, les mamans travaillent avec leur enfant dans le dos, ou le font garder par la grand-mère. Certaines ont une nounou. Ensuite, il rejoint la « pre-school » quand il a 3 ans.
Lorsque nous sommes arrivés, Constant avait donc 1 mois. Je me suis occupée de lui jusqu’à ses 4 mois, tout en ayant quelques activités pendant lesquelles il m’accompagnait. Ensuite, une nounou est venue rejoindre notre dynamique familiale. Il est donc gardé à domicile, dans la case dans laquelle on habite, tout en profitant des enfants de l’orphelinat qui l’adorent !
Quelle a été ton expérience de la maternité à l’étranger?
Dans ton podcast Birth On Earth, tu donnes la parole à des mamans qui ont accouché aux quatre coins du monde. Tu as toi-même accouché en Afrique du Sud.
Mon accouchement en Afrique du Sud s’est très bien passé. Dans les cliniques privées, le niveau médical est excellent. Cependant, il y a un taux de césariennes incroyable, et certains docteurs n’acceptent pas de suivre les femmes qui veulent accoucher en voie basse. J’ai heureusement trouvé une super gynéco qui a accepté notre projet de voie basse… et a même accepté de nous suivre alors que nous voulions accoucher sans péridurale. Cela ne se fait pas du tout, dans ces univers-là. Mais tout s’est bien déroulé – et de toute façon je suis arrivée trop tard à la maternité pour pouvoir avoir une péridurale ! Le bébé était là et est né très rapidement après notre arrivée à la maternité.
Ensuite, une fois arrivée au Lesotho, j’ai découvert plein de choses rigolotes en rapport à la maternité. Là-bas, lors de la première pluie après la naissance du bébé, les mamans mettent le bébé nu et l’exposent quelques minutes sous le torrent de pluie ! C’est une présentation à la pluie et à l’univers, qui leur tient beaucoup à cœur. C’est plein de petites anecdotes comme celle-ci qui m’ont poussée à faire ce podcast.
J’ai effectivement été interviewée par le podcast Mères, du magazine Les Louves. L’épisode vient de paraître (août 2020).
Vous pouvez retrouver Ombline au micro dans son podcast sur la maternité Birth on Earth.
Et pour tout vous dire, j’ai enregistré avec elle un épisode de mon expérience de la maternité au Canada !
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C’est comment d’être expatrié au Lesotho ?
Si tu n’y étais pas allée, tu n’aurais jamais…
…su que certaines personnes dans le monde ne portent pas de manteaux, mais une couverture enroulée autour d’eux ! Elles ont une signification et sont offertes le jour du mariage d’un couple.
Ce qui te décourage parfois, c’est…
…que nous avons parfois des façons de raisonner très différentes, et que l’on peut se sentir incompris.
Ce qui te redonne la pêche, c’est…
Le sourire constamment collé aux visages des Basotho !
Ce qui te paraît facile à vivre, c’est…
Les relations humaines, il semble que tout le monde est agréable les uns avec les autres, comme si tout le monde se connaissait !
Un challenge à relever?
Le froid hivernal est mordant, et les maisons mal isolées. C’est un vrai challenge.
J’arrive demain, tu m’emmènes où en premier?
Dans l’orphelinat où je travaille, voir la joie de vivre de ces enfants qui n’ont pas une enfance facile, et qui pourtant montrent une force et une volonté de vivre édifiante.
Un conseil avant de venir au Lesotho ?
Ouvre ton cœur, tu ne seras pas déçu.
Ton endroit nature préféré, c’est…
Les chutes de Semongkong…
Une spécialité culinaire ?
La papa ! Une sorte de semoule de maïs qui est servie à TOUS les repas !
Une anecdote ?
Les gens n’ont pas la même notion de l’intimité, et il est normal ici de toquer à la porte des maisons pour s’annoncer, mais de rentrer avant d’avoir eu la réponse ! Gare aux surprises !
Un sujet tabou dont tu penses qu’il faudrait parler ?
Le taux de sida est extrêmement élevé ici, et est la cause d’une mortalité très élevée et d’une espérance de vie basse…
La grande aventure de l’expatriation
Ta plus belle rencontre
Bohlokoa, un jeune de l’orphelinat qui n’a pas été épargné, dès son enfance. Il est là avec sa sœur, dont il prend grand soin. Il est espiègle, avide d’apprendre et regorge d’idées nouvelles. J’aime sa fraîcheur, sa fierté d’être Mosotho et son désir d’avoir une vie meilleure « quand il sera grand ».
Si tu pouvais donner un conseil à quelqu’un qui veut se lancer dans l’aventure de l’expatriation, ce serait…
De ne pas juger trop vite la population qui l’accueille. Certaines choses questionnent voire choquent, mais chaque population a sa richesse à nous transmettre, si nous nous laissons toucher.
Dans ton kit de survie, il y a….
Un bon livre, mon mari et mon fils, de la crème solaire et un bonnet !
Un livre à prendre dans ses bagages ?
L’âme du monde, de Frédéric Lenoir. Un très beau livre, court et passionnant, qui m’a ouvert le cœur et l’âme à ces rencontres autour du monde.
Ton Portrait d’expatriée en quelques mots !
- Ton idée du bonheur : en famille, au soleil, sereins, pensant à nos prochaines aventures
- Ton mot préféré : sagesse
- Ton occupation feel good : la lecture
- Ton plat préféré : les fruits, tout simplement… Mangues, bananes, ananas !
- La prochaine chose que tu veux cocher sur ta bucket list : Finir les chemins de St Jacques de Compostelle que nous avons fait à moitié, avec mon mari.
- Ta lecture en cours : Activez vos talents, ils peuvent changer le monde ! De Matthieu Dardaillon, le fondateur de Ticket for Change.
- Ton plus beau souvenir de voyage : Dans les centres de Mère Teresa en Inde, j’ai reçu les plus belles leçons de vie, d’amour, de respect et d’humilité.
- Ta fleur préférée : la frangipani
- Ton animal totem : le cheval
- Ton moment créatif : j’aime coudre ! J’ai fait des habits pour mon fils, des couches lavables, des jupes pour moi… Ça reste simple, mais c’est source d’une grande fierté.
- Ta destination de rêve : La Martinique, pour le beau temps, les avocats et la bonté des gens
- Ta musique motivante : Intro – the XX
- Ton moment de gloire : Quand je me suis retrouvée sur le tournage d’un film en Inde, pour jouer le rôle d’une figurante !
- Ta devise : « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux » (St Exupéry)
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